Cet article est extrait d’une étude réalisée par NUNDINOTOPIA sur une constellation de rapports publiés au sein de la filière en France entre 2005 et 2010, dont ceux des auteurs CHARIE, PLASAIT et MARGOT-DUCLOT. Il renvoie à la fin aux éléments plus complets du travail mené.
Comment se fabriquent les manifestations ? Le député Charié prend le sujet à bras le corps, et il est le seul à le faire de cette manière, en cherchant à identifier le process de création de valeur dans l’organisation d’une manifestation. Il a fait appel à un consultant expert dans le domaine et à importer une méthode d’analyse exploitée dans l’industrie automobile. Peu importe pour nous aujourd’hui la méthode en question, mais plutôt ce qu’elle entraîne avec elle : l’attention à ceux qui fabriquent les manifestations, à tous.
L’ensemble de notre constellation s’est certes intéressé au territoire, à la gouvernance, aux segments de la filière FSC pour s’harmoniser, structurer son accueil et soutenir l’activité des FSC, mais en esquissant à peine la production même des manifestations, leurs machineries. Si le député Charié n’a pas hésité à discerner les tristesses psychologiques d’une filière qui se rend impuissante par ses désaccords, il n’a pas vraiment insisté sur un autre travers de la filière : elle ne se connaît pas, en tout cas pas assez. Un organisateur n’est ni un gestionnaire de sites, ni un prestataire, qu’il soit installateur général, designer d’espace, agence d’hôtesses, coordinateur SPS (Sécurité et Protection de la Santé), prestataire informatique, entreprise et techniciens de l’audio-visuel, etc…Mais il ouvre un passage clair et remarquable en proposant une méthode d’analyse de création de la valeur. Qui crée la valeur de la manifestation finale ? Le rôle des prestataires manquait au regard pourtant très riche porté à l’activité dans la constellation. Le député Charié identifie notamment le vaste combat des acteurs autour de la valeur ajoutée. Elle doit correspondre à une réelle création de services adéquats à des besoins du client final, elle est souvent effacée par la notion de marge qu’il faut – ou pas ? – se partager. Le client est prêt à payer un prix, là se joue la scène bien visible de son achat, mais sous la scène, l’obscène règne et les combats de chaque entreprise pour préserver sa marge et souvent pour les plus petites d’entre elles, sa survie, sont âpres.
La méconnaissance des métiers et des savoir-faire, des apports possibles de chaque prestataire -au-delà de l’hébergement et des acteurs touristique de la destination - accroit l’invisibilité de leur création de valeur possible au profit de la seule mesure quasi monétaire de la marge. Si le client est prêt à donner un prix, la guerre est rude ensuite. Les premiers servis semblent emporter le morceau.
Si le partage de la marge n’est pas juste, la création possible sera amputée d’une part peut-être essentielle et décisive d’elle-même. Combien d’innovation, d’imagination, d’idées nouvelles ne voient pas le jour, écrasées par la soi-disant volonté du client d’« avoir un prix », parce que le prix qu’il était prêt à payer laissait une marge déjà accaparée ? En connaissant les savoir-faire des uns et des autres et leur rôle dans le vaste moteur de la manifestation, la filière peut se donner une chance de multiplier sa créativité, son innovation et la qualité de ses réponses, alors plus compétitives, aux clients finaux.
Comment libérer l’innovation ? Sans doute en développant la créativité. Mais il s’avère qu’elle est souvent bridée par des combats injustes sur le partage de la marge et l’évaluation de la valeur réelle apportée par chacun.
Cette quête du sens de la fabrication est largement corrélative de celle du sens de l’événement et du positionnement des FSC dans les vastes défis modernes des échanges. Elle est reprise ici de l’intérieur, au plus près du peuple des artisans qui œuvrent à la réalisation d’une manifestation. C’est d’ailleurs un des effets indirects bénéfiques de la transformation digitale que les acteurs de la filière doivent mener : le retour en force du rôle déterminant dans la chaîne de valeur des services des prestataires. Reste à ne pas perdre sous la lumière des nouveautés numériques et du big data, les singularités des savoir-faire.
Plus le rôle de chacun sera identifié et valorisé, plus les agrégations et les créations de collectifs entre prestataires pour créer de la valeur pourront avoir lieu. Il ne s’agit donc pas seulement d’attendre ou d’inviter à une volonté politique, ni de renverser les passions tristes de la défaite, mais aussi de savoir qui peut jouer ensemble.
(Extrait du Livre blanc, partie 4 Captation. Captation 2 : Filière / CONSTELLATION)
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