Le monde des foires est vaste. Il est fait de rencontres et conduit dans bien des explorations. Nous vous invitons, dans cet article, à découvrir un livre autoédité de Nicole Ricciardolo, médium, écrit avec l’aide de l’écrivaine Dominique Barbier : "Le Don ! Nicole, médium". Notre texte est accompagné d’une réponse du chercheur Bertrand Méheust qui travaille et écrit depuis des années sur les questions de la médiumnité et qui est membre du Comité Directeur de l’Institut métapsychique international. Voyage donc !
Se tourner dans son lit suffit parfois à trouver le sommeil. D’un basculement, l’impossible devient possible. Au fond de son restaurant Akropolis à Grenoble, Nicole, médium, a reçu pendant des années des êtres en quête pour lesquels elle voyait ce qu’ils ne pouvaient voir. Elle les a aidés. Elle a un don, elle donne. Elle continue aujourd’hui, hospitalière de voyageurs que nous sommes, de tous les univers, de tous les milieux, tous égaux devant l’inconnu.
Après quelques secondes de « voyance », surgit un dehors invisible qui double notre vie et ne nous laisse jamais seuls. Nicole est foraine. Et le forain est du dehors, des forêts et des portes sur l’ouvert. Elle est croyante, grecque orthodoxe, il s’agit de faire le bien.
Nicole est personnage, théâtre, couleurs, un château ambulant, danseuse et voix de stentor, indéfectiblement liées à ses sœurs, ses parents, son amour Amédée. Elle a « ressenti le besoin de partager l’histoire de sa vie avec nous ». Il faut de l’audace pour se raconter, et Nicole le fait sans « cinéma », par la plume de Dominique Barbier écrivaine et biographe.
Différemment d’autres ouvrages de médium ou sur la médiumnité, les dons et les histoires extraordinaires ne sont pas premiers, ils sont tissés en filigrane dans le portrait baroque d’une vie en feu, à laquelle Nicole, fidèle aux siens et à ses guides rend grâce. C’est un livre de gratitude.
Nous sommes loin du fantastique, mais dans la chair de la vie où la religion a sa part, les anges et les guides. Ce livre est comme l’indication que donne un homme plié par le temps, assis à la lisière d’une vaste plaine d’une Sibérie ou d’un Alaska qui montre où se trouve le chaman. Mais nous n’avons pas de notre côté de la Terre, tant de signes institués et d’habitude des portes possibles vers une autre manière de composer le monde. Ce livre est au fond une main qu’il fallait bien inventer pour dire qu’une rencontre est possible, qui nous laissera pourtant libres de nos destins. Il est un messager de blanc et de noir, avec ses joies, ses fatigues, ses larmes de sang, ses fleurs que l’on renouvelle sur les tombes de ses ancêtres et ses naissances d’amitiés. Puisqu’il nous faudra cheminer encore, après ceux qui sont partis, et vers ce qui nous arrive, ce livre parle de constellation de noms et de pas invisibles et pourtant réels : nous ne sommes pas seulement âmes errantes. A voir.
Texte de Bertrand Méheust
Je n’ai pas pu rencontrer directement Nicole, mais j’ai lu plusieurs rapports sur des faits de voyance qu’on lui attribue, et j’ai eu avec elle une longue conversation téléphonique, pendant laquelle elle m’est apparue comme une personne franche et décidée, qui ne doute pas de son don.
Si je me place d’un point de vue scientifique, les informations dont je dispose ne sont pas suffisantes pour décider si et jusqu’à quel point Nicole possède les pouvoirs de voyance que ses proches et ceux qui l’ont approchée dans l’exercice de son art lui ont attribués. Il en faut plus pour trancher sur une question aussi difficile.
En revanche, le texte que l’on m’a donné et l’expérience de recherche à laquelle, Nicole s’est soumise bien volontiers permettent de risquer une première impression qui tend à confirmer la réalité de ses dons. On voit en effet apparaître des thèmes qui sont familiers aux historiens des sciences psychiques.
Le premier point que je retiens du texte de Marc est que la vie de Nicole a été une vie difficile, une “vie de feu” qui l’a forgée : son don de voyance, ce serait le produit de tout son être. C’est là un point très bien vu et très important. De même dans les milieux sociologiquement défavorisés, à certaines époques, la voyance a pu être un moyen d’extraction et d’ascension sociale. Ce fut le cas notamment du plus célèbre voyant français du 19 siècle, Alexis Didier, fils d’un humble cordonnier qui deviant le voyant des rois et des princes[1].
Le deuxième point, lié au précédent, n’est pas anodin : Nicole est ce que l’on appelle une “enfant de la balle”, elle est issue d’une tradition des Gens du voyage. Or c’est là un milieu où se sont transmis des traditions relatives à l’art de la voyance. Ce fait est bien connu des historiens de la métapsychique, qui peuvent citer de nombreux exemples de voyants ou des voyantes confirmés issus de ce milieu .
Un autre point significatif est que Nicole semble indifférente au prestige de sa fonction et à l’argent, et que tout son art semble tendu vers le service qu’elle peut rendre aux autres. Cela la rapproche des premiers magnétiseurs du XIX° siècle, issus pour la plupart du milieu aristocratique, qui donnaient leurs soins gratuitement. Pour ces derniers, c’eût été déchoir que de demander de l’argent en échange de soins[2]. En somme, on peut dire que, bien qu’ issue d’un milieu défavorisé, Nicole se comporte comme les magnétiseurs aristocrates du XIX° siècle. Elle semble faire de son don un bien public. Ce qui est rare de nos jours.
Cependant, il faut préciser que le don de voyance peut être observé dans toutes les classes de la société et pour prendre un exemple frappant qui n'est pas encore connu du grand public, auquel je viens de consacrer un livre, Marcel Proust, le plus célèbre écrivain français, issu comme on le sait des classes supérieures, manifestait aux dires de ses proches des dons de voyance qu’il a fait jouer pour pour écrire son œuvre. [3]
Enfin, comme je l’ai senti pendant notre entrevue téléphonique, la tranquille assurance quant à ses dons affichée par Nicole doit provenir du retour de ses consultants. Quand on lit des biographies des grands voyants du XIX° siècle, le retour des consultants apparaît comme une garantie qui confirme les dons des voyants.
Je lui souhaite de pouvoir continuer longtemps à aider les autres.
Bertrand Méheust,
Professeur de philosophie
Membre du Comité Directeur de l’Institut métapsychique international
[1] Bertrand Méheust, Alexis Didier , Un voyant extraordinaire, Le Seuil, 18, 1993
[2] Bertrand Méheust, Somnambulisme et médiumnité, les Empêcheurs de penser en rond, Tome I, 1999.
[3] Bertrand Méheust, Proust Voyant, Editions Vues de l’esprit, 2022
Il est possible d’obtenir des informations complémentaires via le lien suivant :
https://www.facebook.com/Acropoleathena
contact : nicole.r.nicole@hotmail.fr